SACRISTIE AMYOT

445, rue Notre-Dame, Repentigny, Qc (Lot 83)

Le texte qui suit est un extrait d’un document réalisé sous la direction du Père Lucien Leblanc, entre 1975 et 1978. Le lecteur comprendra alors que des changements ont pu se produire au cours des quarante dernières années.

Date de fondation : 1836

La loi sur les Biens culturels nous autorise à situer cet édifice dans un « périmètre légalement protégé en permanence ».

Le périmètre « respecté » paraît soumis aux caprices de la nature et des hommes. La nature à gracieusement meublé l'espace aérien de ce petit bâtiment de pierre des champs, mais sa base disparaît derrière un écran de matériaux fabriqués dont les noms n'apparaissent pas au glossaire de l'architecture traditionnelle du Québec. Sa toiture, solidement ancrée à l'abside de l'Église de la Purification, nous permet cependant de deviner son nom et ses fonctions ; c'est un lieu de culte et d'accueil qui a nom « sacristie ».

L'histoire de ses origines est encore plus malmenée que son environnement. Selon les thèses d'un savant professeur d'université, cet édifice qui remonte à 1836 deviendrait, comme les édifices religieux de son époque, un monument imposé par un clergé vaniteux et la petite bourgeoisie pour maintenir le petit peuple des campagnes dans la pauvreté et l'ignorance.

Le cadre de cette recherche nous interdit la polémique; il nous oblige cependant au respect de la vérité historique qui devient beaucoup plus simple quand elle est dépouillée de savantes théories.

Une nouvelle sacristie

C'est en 1830 que Mgr Bourget fait part aux marguilliers réunis en assemblée « du pressant besoin d'une nouvelle sacristie ». Les années passent et l'ancienne sacristie demeure, mais la Fabrique investit dans les bâtiments de ferme et dans « la couverture et le lambrissage de la Salle des Habitants ». Six ans plus tard, l'évêque de Montréal autorise la construction d'une nouvelle sacristie, mais il prend soin d'inscrire en marge du document cette note : « autorisée si l'argent requis provient du legs de Messire Amyot ». De fait, les états financiers présentés le 10 septembre 1837 font mention d'une entrée de 6,000 Livres sous la rubrique : « legs fait à l'église pour une nouvelle sacristie et d'un déboursé du même montant avec mention « pour une nouvelle sacristie ».

Traits primitifs et apports

Les livres comptables ont été mieux conservés que les plans et devis qui demeurent introuvables. L'observation des lieux et d'autres documents fournissent heureusement de précieuses données.

Le bâtiment mesure, à l'extérieur, 35’ X 24’. La maçonnerie est entièrement en pierre des champs sauf le chaînage des coins, les linteaux et le jambage des fenêtres où apparaît la pierre de taille. La charpente du toit, assemblée à tenons et mortaises, repose sur une sablière simple enclavée dans le mortier. La scie manuelle a été utilisée pour l'équarrissage du bois, mais la cheville est partout présente. Aucun changement n'est survenu dans la disposition des quatre fenêtres disposées de façon symétrique dans les longs pans. Les madriers du plancher, équarris sur une seule face, datent des origines. C'est la firme d'architectes Gauthier & Daoust qui a dessiné la voûte demi-cintrée qui existe présentement. Cette restauration fut réalisée en 1907.

La Sacristie était dotée de sa propre fournaise reliée à l'unique cheminée de l'église. Ce décor des origines est disparu, mais les deux confessionnaux du début sont toujours adossés à l'unique pignon qui s'élève du côté nord. Les deux éléments les plus décoratifs et les plus précieux proviennent l'un de la voûte de l'église et l'autre de la chapelle Notre-Dame-de-Bon Secours qui s'élevait jadis rue Notre-Dame. La figure du Christ souffrant sculptée sur bois doit sa valeur surtout à l'histoire, tandis que la rosace attribuée à Louis Quevillon possède une valeur architecturale reconnue.

Lucien Leblanc

Référence : Recherche sur la patrimoine de Repentigny, Repentigny, 15 nov. 1978, Lucien Leblanc et collaborateurs, p. 31-33. Document déposé à la Ville de Repentigny.