PATRIMOINE BÂTI, VILLE DE REPENTIGNY

MAISON PAYETTE

911, boulevard L'Assomption, Repentigny, Qc (Lot 166)


Le texte qui suit est un extrait d’un document réalisé sous la direction du Père Lucien Leblanc, entre 1975 et 1978. Le lecteur comprendra alors que plusieurs changements concernant, soit les propriétaires, soit l’apparence des maisons, ont pu se produire au cours des quarante dernières années.


Cette maison en pierre des champs d'inspiration française est très complexe à dater. Le manque ou l’inexistence de certains documents ne nous facilitent guère la tâche. Nous savons qu'en 1763, sur la terre que François Payet donne à son fils Pierre Payet, il y a de construit une « petite maison de pierre » (1). II est peu probable que ce soit la même qui subsiste encore aujourd'hui, car aucune caractéristique ne nous permet de déceler l’agrandissement de la maison. Actuellement, elle a une dimension de 36’ par 34’. Son existence est cependant certaine en 1807. Lors de la donation à Joseph Payet, Louis Payet et Marie Joseph Prud'homme cèdent « la moitié de leur maison de pierre qu'ils occupent actuellement, et la moitié des bâtiments » (2).

Le plan de l’édifice est rectangulaire. Les murs sont en pierre bouchardée à teinte grise, brune ou jaune. Les murs pignons ont 3’ d'épaisseur à la base. À mesure qu'ils s’élèvent, ils perdent de leur volume et donnent ainsi une légère inclinaison vers l’intérieur. En façade et à l’arrière, ils ont 2’ de largeur. Le seuil de la porte est presque au niveau du sol. La façade de la maison est orientée vers la rivière.

Le bâtiment présente quatre ouvertures, dont une porte non centrale en façade. À l’arrière, la répartition est la même. Les murs pignons renferment une fenêtre de chaque côté de la maison au rez-de-chaussée. À l’étage, nous retrouvons, du coté sud, deux petits châssis à 4 carreaux et du côté nord, une petite fenêtre et une de la même dimension que celles du rez-de-chaussée. Toutes ces fenêtres sont de construction récente, bien adaptées au style de la maison. Les châssis des fenêtres sont doubles et à deux vantaux. Chaque vantail a deux petits carreaux de largeur et six de hauteur. Les propriétaires actuels ont percé trois fenêtres à même le toit permettant au soleil d'y entrer, offrant un éclairage plus adéquat et plus naturel et réchauffant l’étage.

Le toit à deux versants présente un angle moyen. Il est recouvert de bardeau taillé à la hache. Il se termine droit sur l’aplomb des longs-pans grâce aux coyaux (3) posés sur l’extrémité des chevrons. La corniche excède légèrement les murs pignons. Les cheminées en chicane prennent place dans l'axe de faîtage du toit.

La toiture est supportée par trois fermes maîtresses et six chevrons ordinaires. Les fermes comportent chevrons, entraits, aisseliers et aiguilles. Ces dernières sont reliées par des entretoises. Des jambes de force, à chaque ferme maîtresse, soulagent les chevrons. L'assemblage est à tenons et mortaises avec chevilles de bois. Les extrémités des chevrons reposent sur la sablière.

La cave, divisée en deux par un mur de refend, d'une hauteur d'environ 3’ à l’origine, a été creusée et finie en ciment par les propriétaires. Six poutres non équarries soutiennent le plancher du rez-de-chaussée; elles traversent le mur de pierre en façade qui aurait dû supporter la galerie. Il est visible qu'elles furent coupées à la scie il y a quelques années. Le plancher du rez-de-chaussée a été refait avec des madriers embouvetés. Le plafond à caissons, restauré également, repose sur trois grosses poutres.

Cette maison présente des éléments intérieurs très intéressants. Les murs ont été recouverts de crépi. Le palétrage (4) et l’appui des fenêtres sont de bois. Les petites ouvertures, à l’étage, ont un linteau non travaillé.

Elle comporte deux foyers simples, celui adossé au mur pignon sud, est d'origine. Il est composé d'une clef, d'un sommier et de 2 jambages qui sont en pierre taillée et layée. Il a une dimension plus petite que celui du mur pignon nord. La plate-bande et les jambages de ce foyer sont faits sur le modèle de l'autre. Cependant, les joues et le contrecoeur sont d'époque. Des pierres placées en arc, dans le fond de l'âtre, nous permettent de croire à l’existence d'un four à pain. L'ensemble de la structure n'existe plus, mais nous savons qu'en 1857, Louis Payet se réservait le droit « de cuire ou faire cuire au four... qui est attaché à la susdite maison de pierres » (6).

Nous retrouvons une armoire en muraille située au mur pignon sud. Le chambranle porte une inscription qui se lit comme suit : Dieu S L. Il est très difficile de savoir ce que cela peut représenter. Au mur opposé, une autre armoire aurait existé à côté du foyer.

En enlevant les couches de tapisserie et de peinture, les propriétaires découvrirent des boiseries travaillées, à motif semblable, dont une sur le trumeau et l'autre au-dessus du foyer situé au sud.

Toutes les portes de la maison ont été changées, mais une aurait conservé une serrure avec motif fleur de lys. L'aménagement à l’étage, laissant à vue la charpente, est remarquable.

La maison Payette est un beau spécimen d'architecture de type français dans notre ville. Sa restauration a été exécutée avec beaucoup de goût, tout en conservant fidèlement le caractère original de la maison. (7)

Carmen Lefebvre, Lucien Leblanc

 

1. J.-B. Daguilhe, 30 décembre 1753.

2. Louis Raymond, 10 janvier, 1807.

3. Chevron rapporté à la base d'un versant pour adoucir la pente de l'égout.

4. Garniture d'un coffre, d’une fenêtre , barre de fer qui sert à les bien fermer.

5. De chaque côté de l’entrée principale, on retrouve un enduit à motif de pierre de taille, enjolivure jadis à la mode.

6. Eugène Archambault, 29 juillet 1857.

7. Recherche sur la patrimoine de Repentigny, Repentigny, 15 nov. 1978, Lucien Leblanc et collaborateurs, p. 76-78. Document déposé à la Ville de Repentigny


Les lucarnes et les souches de cheminées en brique sont de construction récente, nous a-t-on expliqué. Le larmier avant, fort long antérieurement et qui servait de couverture à une galerie, semble également un ajout. Deux de ses supports, toutefois, sont équarris à la hache, ce qui suggère que le larmier est fort ancien, quoique souvent restauré.

Repentigny, Répertoire des immeubles traditionnels, Été 1975, Ministère des Affaires culturels, Direction général du patrimoine,1979, p. 147

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