PATRIMOINE BÂTI, VILLE DE REPENTIGNY

MAISON CHARTIER

791, boulevard L’Assomption, Repentigny, Qc (Lot 161-3)


Le texte qui suit est un extrait d’un document réalisé sous la direction du Père Lucien Leblanc, entre 1975 et 1978. Le lecteur comprendra alors que plusieurs changements concernant, soit les propriétaires, soit l’apparence des maisons, ont pu se produire au cours des quarante dernières années.


La maison Chartier représente un modèle de type québécois en adaptation, à mi-chemin entre le modèle d’influence française et celui, plus récent, du XIXe siècle, de type québécois proprement dit.

Ainsi, le mode de construction des cheminées, imposantes et bien encastrées dans les murs de pignon, témoigne de l’influence française du XVIIIe siècle. La pente du toit, sans galbe, demeure encore assez aiguë, selon la même influence.

L'élévation de son solage, l'importance du volume de son carré, le nombre élevé d'ouvertures sont pertinents au modèle québécois proprement dit. La corniche assez large de la maison et le larmier débordant les murs de pignons le seraient également, mais ils semblent dans un cas comme dans l'autre, avoir été refaits à une époque assez récente.

Plus de cent ans plus tard, elle aurait été bâtie vers 1800, et influencée par une autre inspiration, la pierre des champs du carré a été recouverte de ciment.

On retrouve un solage de pierre et de mortier, creusé de deux soupiraux, dont l’intérieur a été blanchi à la chaux, pour le protéger de l’humidité. Il y avait à l’origine un puits dans la cave. Le plafond repose sur cinq poutres ou troncs d'arbre équarris à la hache qui traversent la maison et soutiennent trois couches de madriers embouvetés d'un pouce d'épaisseur. La couche médiane est posée dans le sens contraire des deux autres couches. La dernière rangée de madriers est de plus petite largeur que les deux autres rangées situées au-dessous. De plus, un mur de refend aide à soutenir le poids de la maison. La largeur des murs, comparable à celle de la maison Normand, est à souligner, ainsi que le mur de pignon, du côté sud qui se révèle moins large de quelques pouces que son opposé.

Au rez-de-chaussée, on retrouve des planches embouvetées dans les murs qui composent la cuisine située au sud-ouest. La première cuisine se trouvait du coté nord, là où se trouvait le plus grand des foyers servant à la cuisson des aliments. Aujourd'hui, on a fait une chambre à cet endroit, et le foyer, ainsi qu'une armoire en muraille qui s'y trouvait, sont maintenant dissimulés par un mur de gypse. Le foyer du mur opposé est recouvert de bois et l'âtre déguisé en petite remise.

De l’extérieur, on accède au salon par l’ancienne « porte de la visite », qui se différencie de la première par une sonnette qu'il faut déclencher. On y retrouve une armoire encastrée dans le mur pignon, dont les portes originales ont été remplacées par d'autres plus récentes.

À l’étage, deux chambres ont été aménagées, vers 1958, et un espace non-fini laisse entrevoir la charpente très élaborée du toit.

Trois grosses fermes maîtresses avec aiguilles et aisseliers supportent verticalement le faîte du toit. Partant de la sablière et encastrées dans celle-ci, trois jambes de force fournissent un appui supplémentaire à la charpente du toit. L'assemblage très ancien à mortaises et tenons est fixé à l'aide de chevilles de bois.

À l’extérieur, le toit de tôle à baguette, refait en 1864 et en 1964, se courbe à l’avant pour recouvrir le larmier et la galerie à cinq colonnes.

Les fenêtres dessinées sur le mur de pignon nord sont une réplique exacte du pignon sud, de sorte que la petite fenêtre du haut se trouve toujours du côté de la rivière, et les deux autres superposées du côté de la rue. Les ouvertures de la façade sont réparties de façon asymétrique ; de gauche à droite, on retrouve une porte, une fenêtre, une porte et deux fenêtres, qui sont cependant toutes d'égales dimensions.

La maison reste implantée dans son élément naturel : deux vieilles granges et un vaste champ nous rappellent les nombreuses générations de cultivateurs qui l’ont habitée.

Nicole Mascherin, Lucien Leblanc

Recherche sur la patrimoine de Repentigny, Repentigny, 15 nov. 1978, Lucien Leblanc et collaborateurs, p. 70-72. Document déposé à la Ville de Repentigny


Malgré leur volume, les souches de cheminées ne renferment qu’un seul conduit situé en chicane l’un par rapport à l’autre. L’enduit à plein est un ciment brun qui date du début du 20e siècle. À noter les gracieux avant-toits rendus possibles par des supports intérieurs d’une belle qualité.

Repentigny, Répertoire des immeubles traditionnels, Été 1975, Ministère des Affaires culturels, Direction général du patrimoine,1979, p. 143

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